Née en 1947 en Allemagne, Kathrine Switzer est étudiante en journalisme aux Etats-Unis lorsqu’elle s’inscrit au marathon de Boston de 1967 sous le nom de K.R Switzer. Elle utilise ses seules initiales pour contourner un règlement implicite du comité organisateur qui écarte de l’événement toutes femmes voulant y participer. En effet,  des « spécialistes » et la croyance populaire maintiennent encore que celles-ci n’avaient pas au mieux,  les capacités d’endurance suffisantes, au pire, pouvaient perdre leur utérus en courant et ainsi masculiniser leur corps. Or, Kathrine Switzer cours, régulièrement et compte bien participer à l’une des plus grandes manifestation sportive de son pays motivée par un « incident » survenu l’année précédente :  une certaine Bobbi GIBB avait participé clandestinement au marathon (son inscription ayant été refusée) en s’immisçant parmi les coureurs dans les cent premiers mètres.

Elle prend donc le départ de la course, entre son entraineur et  son compagnon. Ce n’est qu’au sixième kilomètre que les journalistes et les organisateurs se rendent compte que le coureur n°261 est une femme. C’est alors que l’un des officiels,  craignant les sanctions de l’Amateur Athletic Union poursuit Kathrine et tente de lui arracher violemment son dossard. Défendue par quelques autres coureurs, Kathrine réussit à se dégager et à poursuivre son but.« J’ai tout de suite eu la pensée que si je ne terminais pas la course, tout le monde dirait que les femmes ne sont pas capables de courir un marathon. Il fallait que je termine la course. » dira t’elle lors des nombreuses interviews qui suivront.

Elle y déclare aussi que c’est en terminant ce marathon qu’elle décide d’agir pour les droits des femmes à accéder aux compétitions sportives. Pendant les quatre heures qui lui aura fallu pour terminer sa course, elle pense à toutes ces disciplines et toutes ces activités auxquelles les femmes n’ont pas accès.

Elle sera finalement disqualifiée du Marathon mais celui-ci marque le début de son combat. Sa formation de journaliste va lui permettre de témoigner de son histoire qui sera largement relayée aux Etats-Unis. Ses nombreuses apparitions dans les média auront sans doute permis de changer (lentement) les mentalités et en particulier celles de certains organisateurs sportifs.

Le marathon de New York inclura les coureuses dès sa deuxième édition en 1971 et il aura fallu attendre 1972 pour que celui de Boston officialise la participation des femmes.

Il y a plusieurs  raisons à ce que la Fabrique de l’égalitée ait choisi d’ouvrir sa série de portraits avec cette militante sportive :

• encore aujourd’hui, la considération des femmes et des filles dans le sport est loin d’atteindre la valeur donnée à celle des hommes et des garçons…
• les arguments avancés pour justifier ce manque de considération sont souvent biologisants, reléguant les femmes à une prétendue infériorité physique qui ne leur permettrait pas d’atteindre certaines performances…
• …ou qui avancent qu’une pratique sportive pourrait nuire à leur corps (entendre leurs organes reproducteurs).
• l’égalité femmes-hommes concernent tous les domaines et activités de notre société, nous tenterons dans la Fabrique de l’Egalitée de n’en n’oublier aucun,
• ce portrait est publié quelques jours avec notre course solidaire mixte Lacasse’Pieds…comme par hasard…
• …et nous reparlerons de Kathrine SWITZER et de bien d’autres sportives lors de l’ouverture du Festival Des Elles pour l’égalité avec la diffusion du film Free to run!

Nous avons déjà de prochains portraits en préparation, certains seront aussi des rencontres. Vous pouvez participer à nos pages actualités en suggérant des portraits de Femmes et d’Hommes qui vous inspirent et qui contribuent selon vous à construire l’Egalitée! Envoyez nous un mail, rendez vous dans contact.